L I T E R A T U R   A L D I Z K A R I E N
G O R D A I L U A

 

 
 

                   - Orrialde nagusira itzuli
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                   - Ale honi buruzkoak (azalaren irudia eta fitxa)

Aurreko artikulua— Gernika. 19. zkia (1952-apirila/ekaina) —Hurrengo artikulua




 

 

Eskaldun odol garbia

 

Camille Pitollet

 

On a tout dit sur les Basques. Une bibliographie même aussi sommire que celle donnée en 1926 par Pierre Lamare aux pages 90-94 de son Guide Illustré: Le Pays Basque français et espagnol, chez Hachette. Leur histoire, leur langue ont fait l'objet des plus ahurissantes divagations. Ce serait perdre son temps que de s'arrêter à ces spéculations étranges sur le caractére et l'origine de ce peuple. Aujourd'hui, son "mystére" a été suffissamment éclairci pour qu'on passe outre. Le pays basque, ses habitants ne son plus que pretextes à du réchauffé, à ce faux pittoresque dont s'alimentent des publicistes en mal de copie et dont les Basques, s'ils lisaient ces sottises, feraient —mais ils ont d'autres soucis— trés évidemment des gorge chudes. Alors, direz-vous, lecteur de ces lignes, pourquoi, ayant critiqué, retomber dans le vice que vous venez de censurer? Medice, cura te ipsum!

        Oui, certes, on a tout dit sur les Basques, leur idiome, leur pays. On a dit des choses justes et plus encore des absurdités. Mais, quand le docteur juif convertî Nikolaus Heinrich Julius, dans la cité hanséatique d'Hambourg, s'occupait à mettre en allemand l'Histoire de la Litterature Espagnole du Bostonais Georges Ticknor, il songeait à l'enrichir, outre que de notes et de compléments, d'un chapitre sur les Basques. Julius avait été l'ami et le correspondant de Böhl von Faber, qui, à Cadix, avait réuni une magnifique bibliothèque, leguée ensuite à Madrid el qui avait, dans une polémique que j'ai narrée en un gros volume, defendu les mérites de l'antique théatre espagnol contre les partisans d'un modernisme qu'il exécrait. Et ce fut aussi à ce Julius que l'illustre fille de Böhl, la romancière Fernán Caballero, adressait ses premièrs essais littéraires, par moi publiés dans le Bulletin Hispanique de Bordeux. Et ce fut encore parmi les papiers de Julius qu'à Hambourg, dans un réduit obscur de la Stadtbibliothek, je découvris ces notes confuses sur les Basques, leur idiome, leur histoire, où Julius avait réuni les plus diverses informations, notes de voyages, extraits de volumes, correspondances, etc. dont il espérait tirer cette notice qui n'a jamais vu le jour. Et, ayant tant bien que mal déchiffré ce fatras, j'en avais tirés des pages qui, elles non plus, ne virent jamais le jour et je viens seulement aujourd'hui de retrouver, les croyant perdues depuis longtemps. Ce vieux neuf, que je ne songe nullement à exhumer, me fournira du moins —au risque de me contredire moi— même, puisque tombant dans le vice dont, au commencement de cet artocle, je me gaussais avec, je pense, quelque à —propos— matière à de courtes pages que je voudrais, qu'on jugeât dignes de l'impression.

        En tête du volume —non mis dans le commerce— que le bascophile anglais Wentworth Webster dédia en 1901 á Julien Vinson —l'auteur, faut-il le rappeler— entre autres travaux, de la Bibliographie de 1891, enrichie d'additions et de corrections en 1898 —et qu'il intitula: Les Loisirs d'un étranger au Pays Basque, ce Révérand qui résidait alors à Sare, écrivait, page VII:

        "Les touristes qui visitent ces contrées pour la première fois sont portés à croire que les Basques et le Pays Basque ont toujours été tels qu'ils le sont aujourd'hui. Bien au contraire, presque tout y a changé et jamais les mutations n'ont été si grandes que dans les 30 dernières années et pendant le Second Empire. L'ancienne autonomie est tout-à-fati passé, mais l'honnêteté et la fieté qu'elle a engendrées persistent toujours. Beaucoup de vieilles coutumes sont tombées en désuétude, beaucoup ont disparu. De vieux monument ont été détruits. Les routes sutout ont été transformées. Les feux de Saint-Jean, comme cérémonie religieuse, sont presque négligés. Autrefois, on les allumait devant chaque ferme et devant chaque maison, à la campagne. On en faisait le tour avec prière. On n'allume guère, à present, le feu au carrefour le plus proche aprés un décès et les passants n'y disent plus le Pater et ne jettent plus une pierre sur le tas côté. Les cérémonies de mariage et d'enterrement ont, peu á peu, perdu leur couleur locale et sont devenues pareilles à celles du reste de la France. Les vieilles danses basques, dont on se vantait autrefois, sont inconnues, sauf dans la Soule. Même les grands jeux de pelote, qui passionent les Basques, se sont modifiés beaucoup depuis l'invention de la chistera et depuis l'existence d'une école de joueurs professionnels, pour des prix d'argent. La maladie des châtaigniers a amené des changements dans le régime de la propriété foncière. On laisse le cidre pour le vin et les vignes remplacent les vergers. Mais les plus grandes modifications sont celles occasionnées par les changement et les modifications des routes et par le chemin de fer. Il n'y a guère une seule route, ni un seul chemin dans le Pays Basque qui n'aient pas été modifiés depuis que je connais le pays..."

        Il le connaissait, ce Pays Basque, depuis de longues annés. En 1879 déjà, il publiait —avec un essai de son ami de 30 ans, Vinson, sur la langue basque —un Recueil: Basque Legends collected ciefly in the Labourd (London, 1879) et je ne connais pas de meilleur, de plus exacts résume du "Basque" que celui qu'il inséra dans la Nouvelle Revue du 15 mai 1881 et qu'il a réimprimé, sous le titre: Les Basques, aux 30 premiéres pages de son recueil de 1901, imprimé à Chalon-sur-Saône, à l'Imprimerie Française et Orientale E. Bartrand. Une précieuse amitié anglaise m'a offert un des exemplaires dédicacés de ce livre:

 

George Talbot Baghot, Esq.

To an old friend from an old friend.

Sare, Dec. 1901. Wentworth Webster.

 

        Ce passé basque, si impitoyablemente révolu, il vit dans les notes du Dr. Julius. Il y a là toute sorte de "matérial" hétéroclite. On y trouve l'ineroyable historie de l'homme sauvage de la forêt d'Yraty (près de St. Jean-Pied-de Port), que des bergers découvrirent en 1774. De taille baute et bien proportionée, il était "vélue comme un ours", mais d'humeur douce et joviale, son grand amusement consistant à surprendre les brebis et les faire courir. Ce qui faisant, "il poussait de grands éclats de rire¨. Mais, quand les chiens le poursuivaiente à leur tour, "sa rapidité à la course les avait bientôt mis en défaut". Un jour, il se familarisa au point de s'approcher d'une cabane où des Basques fabriquaient des avirons. "Debout à l'entrée de l'huis, qu'il saisissait de ses deux mains —par précautions, sans doute—, il contemplait en riant doucement cet étrange travail. Mais voici qu'un des artissans basques s'avise de se glisser doucement vers le sauvage pour tenter de le prendre à la jambe. L'autre n'interrompt pas son rire; mais, devinant la ruse, d'un bond il regagne les halliers et nul ne l'a plus revu... De Saint Jean-de-Luz, le mariage de Louis XIV avec l'infante d'Espagne fait tous les frais. Les dépenses en broderies seulement dépassent 2.000.000. A Mazarin, comme on fait observer que c'est là une somme scandaleusement exagérée, voici ce que répond la créature de Richelieu, l'Italien des Abruzzes, Giulio Mazzarino, naturalisé Français en 1639, devenu, par la grâce de son protecteur, cardinal en 1641:"Ce n'est qu'un million pour les courtisans et un million pour les marchands!" Une partie de ces notes date, semblet-il, des premières années du règne de Charles X. Il y a un chapitre sur Biarritz. On y allait, de Bayonne, en traversant bruyères et étendues sabloneuses. Ce n'etait qu'un humble village de pêcheurs, sans ombrages ni verdures. Situé sur des bancs de rochers s'élevant à pic à plus de 100 pieds au dessus de l'Océar, il était déjà fréquenté par les Béarnais et les Gascons, qui venaient respirer l'air salin et se rafraîchir le corps en l'immergeant dans la pètite anse du Port-Vieux. Les hommes et les femmes s'y mêlaient dans une promiscuité que la moderne licence des plages pourrait envier "et qui, dit notre texte, ne se concilierait guère avec les habitudes dévotes de ces contrées, si on ne devait y voir un tacite dédommagement à trop de privations imposées à l'humaine nature, une légitime indemnité accordée à ses exigences". Cela durait, comme de nos jours, du commencement de juillet à la fin de septembre. "Le village est encombré de monde. Il ne retentit que des cris du plaisir et de la joie. Mais, le reste de l'année, ce n'est plus qu'une solitude inanimée, un roc affreux, dont la basse est livrée aux fureurs de la mer et le sommet à la violence des ouragans marins". Il fallait quelques années encore pour qu'omnibus et "coucous" partissent de la Porte d'Espagne, à Bayonne, pour l'Hôtel de Monhaut, l'hôtel des Ambassadeurs, l'hôtel Dumont, où le gratin de la société du Sud-Ouest continuait les bonnes traditions du temps des Bourbons. Mais dames et messieurs se revêtaient, pour leurs sports aquatiques, d' un sévère "costume de bain" et les pantalons de laine des femmes descendaient jusqu'au bas des pieds, leurs chefs étant couverts de chapeaux à large bords, tandis que, flottant sus des vessies, des liéges, des calebasses, elles jouaient aux Circés alléchantes. Si la Duchesse de Berry, en visite dans cette partie de la France, n'avait pas dédaigné le transport par cacolet, ce mode de gagner Biaritx —car alors l'une des deux r était'omise— n'était, sous le Second Empire à ses débuts, plus guère en usage que parmi les paysans et les vendeuses des marchés. Sur la Chambre d'Amour, une narration ancienne rapporte, dans ces papiers de Julius, la légende des deux amants qui, s'etant oubliés dans ce roc creux, y furent surpris par les flots et passèrent, des caudes étreintes de l'amour, aux froids embrassements de la Mort Observerai-je, en marge, que les amants de nos jours ne se laissent pas, à la Chambre d'Amour —qui a, d'ailleurs, perdu tout son mystère— impressionner le moins du monde par la leçon de cette catastrophe?

        Mais j'ai hâte d'en venir à ce que ces notes rapportent des Basques plus spécialement. Le passage émane de qui a vu, de ses yeux vu, le pays, en s'y rendant depuis Bordeaux, le pense.

        "Après avoir marché trois jours dans la plaine monotone des Landes vers le Sud-Ouest, à peine a-t-on franchi l'Adour, que mille accidents de terrain, une multitude de coteaux, des ravins desséchés, des ruisseaux qui se précipitent, annoncent les Pyrénées.

        Ils les annonceraient déjà, quand bien même, on ne les verrait pais dessiner à l'horizon leurs pyramides inégales. Vous n'avez, cependant, que traversé un fleuve. Mais tout, soudain, a changé d'aspect. Au lieu de ces pins s'étendant sus 200 lieues, ce sont maintenant de plus riantes végétations, dont les formes, les couleurs, les parfums vous rappellent que vous êtes dans un pays différent. La race d'hommes chétifs, maigres, brûlés de soleil des Landes fait place à de beux mâles, qu'une liberté d'allures, une impétuosité de mouvements dénoncent tout de suite comme surabondants en force vitale. Même les vieillards conservent leur verdeur et si, comme les patriarches d'Homère, leurs visages portent l'empreinte des années, non des vices, ce déclin est encore paré de fleurs. Le langage que vous entendiez jurqu'à présent, n'était qu'un dialecte trahissant sa latinité. Maintenant, c'est un idiome incompréhensible qui frappe vos oreilles, aux mots d'une sonorité spéciale, à désinences particulières, à accentuation originale. Mais ce qui vous frappe davantage, c'est la fierté que respirent les regards, les traits, les attitudes de ces gens. Ils marchent la tête haute, les épaules effacées. Ils ne s'inclinent pas devant l'étranger qu'ils recontrent. Ils le saluent, certes, mais de façon à sauvegarder l'égalité. Leur orgueil provient du sentiment de leur passé. Ils n'ont que dédain pour la noblesse individuelle. Le titre d'ainé de la maison —etcheco —semia— est le seul devant lequel ils consentent à s'humilier un peu. Pâtres, ils laissent la plus grande part de leurs terres incultes pour la pâture du bétail et ce qu'ils ensemencent suffit tout juste á les nourrir. Leus bâton de néflier ne les quitte jamais. Ils s'en servent, au besoin, comme d'une arme terrible. Hospitaliers, ils répugnent aux alliences étrangères. Pas d'épousailles dans les pays circonvoisins. Doués de toutes les qualités du corps et de l'esprit, ils sont sans industrie et restent soumis aux superstitions les plus grossiéres. Mais l'innocence de leurs moeurs ne vaut-elle pas les corruptions de notre progrés? Tous les prodiges de notre civilisation compensent-ils la joyeuse insouciance d'une vie expansive?".

        Et voici la peinture d'une fëte au village, ou, plutôt, â quel qu'un de ces hameaux attachés aux flanes des monts, ou bien groupés aux bords d'un écumeux torrent:

        "Dès l'aurore, la cloche de l'humilde église sonne. A son signal, tous accourent sus la place de l'église, par groupes. La matinée tout entiére est remplie par les céremonies du culte. Enveloppées d'un mantelet noir, les femmes occupent la partie basse; les hommes sont dans les deux rangs de galeries circulairesm, les deux sexes restant séparés, comme aux temps du cristianisme primitif. Le chant de l'assistance se mêle à celui du choeur. Un recueillement profond règne dans l'assemblée. Mais la piété cède bientôt à de plus matériels besoins. Un joyeux festin réunit parents, amis et juqu'aux étrangers venus des hameaux voisins. Les vapeurs des vins locaux exaltent les cerveaux. C'est alors qu'un poéte se léve. Le silence se fait. Pensées de circonstance, soumises à la mesure et à la rime, adaptées à un air, rehaussées d'une expressive pantomine, se succédent, dix, vingt; trente couplets, originaux et gais, satiriques aussi et alimentés surtout par la chronique galante du lieu. La cloche des vêpres interrompt le festin. Armés du chapelet, tous retournent pour une heure au moins à leur église. Sont-ils done religieux dans l'âme? Qui oserait l'affirmer? La religion, pour presque tous c'est la céremonie, avec ses pompes et ses chants. Mais l'esprit du christianisme leur échappe et il n'este pas rare que l'on coure de l'autel au meurtre et du meurtre à l'autel!.

        Le jeu national était, vers 1824, á peu prés dans sa pureté primitive. Le voici décrit:

        "Dans la belle saison, ce n'est que vers 3 heures de l'aprés-midi que commence la vraie fëte des Basques. Elle a son théâtre sur une place rectangulaire, bornée d'un côté par un mur de pierres de taille, soigneusement polies, et, de l'autre, par un siège en bois. A 45 pas du mur est tracée une ligne légèrement saillante, qui tombe perpendiculairement sur deux autres lignes parallèles bordant les deux autres faces de l'arène sur une longueur d'environ 100 - 110 pas. Il semble que les Basques attachent leur honneur à se montrer habiles dans le jeu qui va se dérouler là. Chez eux, un Perkaïn est aussi cèlébre, chez nous, Corneille, Racine ou Voltaire. La question de la supériorité suscite, de village à village, des querelles souvents sanglantes. La tête couverte d'un réseau, vêtu seulement d'un léger pantalon que fixe une ceinture de soie rouge dont il agite coquettement les bouts, le jouer de pelote est l'acteur disputent 3 adversaires, parfois venus de fort loin. L'assistance est divisée en deux camps adverses, chacun embrassant la cause du compatriote. Des paris se font, qui atteignent souvent des sommes fantantisques.

        "La balle pèse généralment 4 onces; elle est fort dure, composée d'un noyau en ruban de caouthoue enroulé en pelote, recouvert, de laine, puis de fil et, enfin, de deux enveloppes en peau de chien. Elle est reçue dans la cavité d'un gant de cuir dont, la main du joueur est armée. C'est une sorte de cuiller en cuir fort, rigide, à l'une des extremités duquel est cousu un gant de cuir trés souple, dans lequel s'engage la main du joueur. Glissant sur cette surface polie, la balle vole, souvent jusqu'à 130 pas. Les applaudissements d'une partie de l'assemblée semblent un défi jeté au morne silence de l'autre. A voir ces masses debout le long des limites, respirant avec angoisse, tour à tour passant de la crainte à l'espoir, de l'espoir à la crainte, qui ne songerait à la description que donne Tite-Live du combat des Horaces et des Curiaces? Ici, il est vrai, ne se décide pas le sort de deux peuples. Mais l'honneur des Basques est en jeu et la partie se clôt par des coups de bâton. Les pesants néfliers fracassent plus d'un crâne, au cri terrible: debrouïn arima! (âme du diable). Quand le calme renaît, il n'est question que de vengeance, sous forme, cette fois, d'une revanche au fronton de quelque autre village. Fût-il à deux journées de marche, on est sûr d'y retrouver les mêmes spectateurs. Un Basque ne vacille pas à parcourrir 20 lieues pour assister à une procession ou à une partie de paume. Lorsqu'il faut franchir un long intervalle, il marche la nuit, passe tout le jour dans l'agitation du plaisir et revient au village la nuit suivante avec la même légèreté. Il est fréquent, au cours d'une fête locale, de voir arriver des hôtes inattendus. Sous Napoléon, des soldats basques, victimes de la conscription, désertèrent des rives du Danube pour revoir la fête nationale..."

        Je signalerai, en pasant, qu'une des plus touchantes narrations sur le soldat basque —non plus du temps de Napoleón, mais de celui de l'avant-derniére guerre—, a paru en 1917 à Buenos Aires (à l'Imprimérie basque, Salguero, 167), sous ce simple titre: Ganich (Jean), 45 pages et 11 illustrations, avec pour auteur Jean Arnaud. Elle dépasse en pathétique les fantaisies d'un Loti... Les notes de Julius ont tout un chapitre consacré à la danse. Un autre à l'irrincina, "cri que ne ressemble pas mal aux heinnissements d'un cheval vigoureux". Un autre chapitre traite de la langue, dont la conclusion est que "tout se réunit pour faire regarder la langue des Basques comme le seul monument encore debout de quelque Empire qui n'est plus. "Il y a aussi de longues pages sur l'Histoire des Basques... Le célebre Garat, dont la familie était originaire d'Ustaritz —le tombeau de Garat est au cimitière de l'énglise paroissiale— a écrit, il y a bien longtemps, ces paroles: "Caché entre les gorges des Pyrénées où les Gaulois, les Sarrasins ont toujours inutilement attaqué sa liberté, le Basque a échappé aux observations des philosophes, comme au glaive des conquérants. Rome n'osa le metre dans la foule des nations qu' elle dénombrait dans ses chaînes. Autour d'eux, les peuples ont changé vingt fois de langage et de lois; ils montrent encore leur caractére; ils obéissent encore á leurs lois; ils parlent encore la langue qu'ils avaient il y a 3000 ans. Chez eux, tout a résisté aux siécles. El l'on dirait que, derrière leurs montagnes, ils ont trouvé un asile contre le temps et les oppresseurs". Cette "bruta Vasconum gentilitas" maudite par l'Espagnol Prudence dans son hymme aux martyrs de Calahora (Peri Stephanum, hymme I), survit, dans l'uniformité, le nivellement général d'une "culture" qui —mais dans un tout autre sens— finira peut-être un jour par réaliser l'unité de l'espèce humaine, dont l'existence physiologique est un vieux leurre de naturaliste de cabinet. Elle survit, mais combien déformée, combien abâtardie!. L'exploitation de l'estivant est devenue sa principale industrie. Elle y perd, chaque jour davantage, ses caractères spécifiques. N'en est-il pas ainsi de toutes nos Provinces? Alors, soumettonsnous à l'inévitable. Et, comme le dit l'inscription de 1662 sur une maison de Tardets:

 

I. H. S.

Sit Nomen

Domini Benedictum.

A' T. 1662.

 



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