L I T E R A T U R   A L D I Z K A R I E N
G O R D A I L U A

 

 
 

                   - Orrialde nagusira itzuli
                   - Gernika aldizkaria
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                   - Ale honi buruzkoak (azalaren irudia eta fitxa)

Aurreko artikulua— Gernika. 23. zkia (1953-apirila/ekaina) —Hurrengo artikulua




 

 

La cretinisation du peuple basque par les bons sentiments folkloriques

 

Marc Legasse

 

        En tant que individus et collectivité, nous les Basques tra versons —comme les autres peuples de la terre— une période de douloureuse transition... C'est l'avenir qui nous dira si cette transition est le signe avant-courear d'une décadence ou d'un renouveau. Rien d'étonnat, donc, que face à cete inconnue que l'avenir nous présente, certains esprits, ennemis de la routine et de l'agréable somnolence, prêchent ardement une solution. C'est à cette catégorie d'hommes, de citoyens et de Basques qu'appartient Marc Legasse. Inquiet, discordant, ses écrits et ses causeries pétillent de cet humorisme amer, bien souvent irréverent, que même si parfois peut sembler excessif, mérite toujours du respect pour la façon dont il fait face aux conséquences. La guêpe socratique était une necessité non seulement pour la Grece antique; elle l' est aussi puor les peuples actuels, non encore mûrs ou décadents.

        L'article ci-dessus que GERNIKA a lo plaisir de reproduire, ést un résume d'une conférence que Mr. Legasse prononça en Juillet 1952 devant les étudiantes Basques. — (N. de la R.).

 

La crétinisation du peuple par les bons sentiments folkloriques est, avec la prostitution touristique du pays, l'un des pôles entre lesquels évolue le destin spirituel des Basques.

        On n'échappe à la maison de passe estivale des Syndicats d'Initiative que por mieux tomber dans le patronage bien pensant des basquisants professionnels.

        Il y a d'ailleurs intercommunication entre ces deux établissements. En effet, les crétinisateurs plus ou moins conscients du peuple basque ne font que préparer à l'usage des « prostituteurs » du pays de très efficaces appeaux.

        Sous forme d'indigènes pittoresques, folkloriquement « demeurés », on attire le gibier à plumer, en l'ocurrence le touriste aux succulentes devises. C'est en somme le système de chasse employé par ces Basques désamorcés par les manipulations latines que sont les gascons. On crève les yeux à la palombe. Elle chante. Et les pigeons de tomber dès lors dans les filets des Syndicats d'Initiatives.

        A dire vrai, nous ne faisons pas que chanter sur le passage des touristes, nous « dansons maintenant » comme la cigale de La Fontaine et naturellement « au pied des Pyrénées » comme en a décidé Voltaire. Ce qui nous donne ainsi, de surcroît, une certaine allure de classicisme conformiste qui plaît à cete chère clientèle intelectuelle que sont les diplômés français.

        La formule magique de tout apprenti crétinisateur basquisant est simple. Elle tient en quatre mots: «C'est pas basque!».

        Appliquée à tort et à travers, vigoureusement et avec l'allure hautaine de celui-quisait-ce-qui-est-basque, la formule magique peut transformer tout et n'importe quel Basque sain d'esprit en un merveilleux sclérosé, chauviniste, à complexes d'infériorité inversée.

        Dès lors, apprécier une quelconque oeuvre poétique uniquement en fonction de sa valeur, aimer la musique pour la musique, la peinture pour la peinture, ouvrir son coeur et son esprit aux courants idéologiques et intellectuels qui soufflent sur notre minuscule boule perdue dans l'amas des galaxies, revient à trahir, à renier l'Aïtor, les ancêtres (pardon!...: arbasoak) le sor-lekua, Jaingoiko eta lege-zaharra, zuzen-zuzena, eskualdun fededun et l'Eskaulzaleen-Biltzarra.

        Le malheureux Basque de bonne volonté, terrifié par les anathèmes des Torquemada folklorisants, entre alors dans un de ces tiers-ordre qui naissent partout où il y a plus de vingt Basques réunis —dont un rondde-cuir de pseudo-conformisme euskarien.

        Il ne jouera plus au bridge ni au tennis, C'est anglais.

        Il ne touchera plus une guitare. C'est espagnol.

        Il ne portera plus de moustache. C'est français.

        Et ne boira plus de coktails. C'est américain.

        Mais à l'issue de banquets entre « lagunak », il chantera «Itsasoan lañodago...» et « Txomin jozak trompetta...», revêtu d'un pantalon à raies bleu-pâle et blanches, puis jouera au « muss » en buvant du « sagarnoa ».

        El les touristes, ravis d'avoir pris sur le vif cette scène authentiquement basque, promettront de revenir plus nombreux encore l'annèe prochaine.

        Religieusement folkloroformisé, le peuple basque s'endormira alors dans la paix nirvanesque et satisfaite des idiots de village. Goyan Bego!

 



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